Semaine du 12 mars 2012
Un après-midi avec Marcel Proust
Chapitre I
Du côté de chez Swann
Longtemps, lire Proust m'a semblé un projet ambitieux et difficile. Et puis, un après-midi de printemps, je m'y suis glissée comme on entre dans une chambre.
J'espère ne jamais mettre un terme à la lecture d' A la recherche du Temps Perdu, aussi je n'en lis que quelques pages, de loin en loin. Je peux m'y perdre, revenir sur mes pas, sauter quelques pages, oublier certains personnages, toujours la musique contemplative de son écriture me revient, immuable et limpide.
Du côté de chez Swann est le premier tome d' A la recherche du temps perdu, qui en compte sept. Le narrateur, qu'on ne peut s'empêcher de confondre parfois avec l'auteur, évoque le temps passé, l'enfance à Combray, le passé amoureux de Swann, voisin de Combray, puis nous dévoile les chambres qu'il a habitées, rêvant de voyages impossibles...
Dans la dernière partie Du côté de chez Swann, le narrateur évoque les chambres qu'il a habitées, les lieux dont il a rêvé. Allusion délicate de l'auteur, qui a souvent écrit alité, se nourrissant de café au lait et de croissants.
Chapitre II
La chambre
Dans la dernière partie Du côté de chez Swann, le narrateur évoque les chambres qu'il a habitées, les lieux dont il a rêvé. Allusion délicate de l'auteur, qui a souvent écrit alité, se nourrissant de café au lait et de croissants.
En avril, la Scène Nationale d'Aubusson (Creuse), en partenariat avec la
ville de Bourganeuf et la Communauté de Communes du plateau de Gentioux, propose
une lecture de Proust : extraits sur le thème de l'enfance d' A La Recherche
du Temps perdu par le Collectif Les Possédés, en appartement, à la lumière
de bougies...
Plus d'informations ici
Chapitre III
La madeleine
(madeleines à la fleur d'oranger et à la bergamote)
Ingrédients
La recette
Ramollir les beurres au bain-marie.
Battre les œufs + le sucre jusqu'à ce que le mélange blanchisse et épaississe.
Ajouter le mélange farine + Maïzena + levure, mélanger.
Ajouter le beurre fondu + l'eau de fleur d'oranger + le miel + les zestes des bergamotes.
Bien mélanger, couvrir et laisser au réfrigérateur une nuit.
Après cet intermède réfrigéré, remplir les empreintes du moule à madeleines, et enfourner pendant 3 minutes à 220°C.
Après ça, baisser le thermostat à 180°C, et laisser les bosses des madeleines se former et dorer de 3 à 5 minutes.
La bergamote est un agrume au parfum très identifiable, qui ressemble à une petite orange.
Comme elle est assez difficile à trouver, on peut remplacer les zestes de bergamote par ceux d'une orange.
A
défaut d'une nuit, il faut laisser reposer la pâte 2 heures au
réfrigérateur, car c'est le choc thermique qui fait gonfler la
madeleine.
"Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout
ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon
coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme
je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid,
me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé.
Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher
un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui
semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée
d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par
la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes
lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir
un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la
gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais,
je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire
en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans
la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes
de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire,
de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant
d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était
pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir
médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette
puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût
du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment,
ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une
seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première,
une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est
temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il
est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui,
mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît
pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins
en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter
et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma
disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif.
Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de
trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes
les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ;
quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit
chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ?
pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est
pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière."
Marcel Proust - Du coté de chez Swann - A la recherche du temps perdu
Article savoureux qui donne envie de lire Proust de manière décomplexée sans avoir peur de sauter une page ou de ne pas arriver au bout... juste au moins écouter "la musique contemplative de son écriture"
RépondreSupprimerBravo pour ton blog, c'est vraiment super
RépondreSupprimerContinue jai hâte de connaître la suite des événements��✌����